Il n’est pas chose aisée de parler de mon lien au monde naturel. Quand les mots viennent à manquer, nous sommes parfois tentés d’emprunter la voix de quelqu’un d’autre, ou dans ce cas-ci, la plume. « Ma nature est toujours mythique et mystique » écrivait l’auteur américain Henry David Thoreau. Oui, l’amour pour l’immensité naturelle passe dans mon cas par un état primordial éprouvé dans l’enfance, et qui ne m’aura jamais plus quitté. Cet état, c’est celui de l’émerveillement pour cette forme si spéciale d’infini. De même que la littérature a souvent décrit cet endroit de paradis naturel qu’est l’Arcadie, une forme d’idylle pastorale et bucolique, je rêve à ce lieu de paix qui ne prend véritablement corps que dans le fantasme. Pourtant, la nature que je redécouvre chaque jour n’a, quant à elle, rien d’irréel. Elle vit. A chaque fois que je retrouve le chemin qui mène à la forêt, je suis parcourue d’un léger frisson. Le parfum de cette nature dissipe tout mon orgueil et laisse place à la sensation d’être enfin à ma juste place. Voici mon éloge d'un rapport sensuel à la nature. En cela je vois un lien intrinsèque entre nature et esthétique, entre sensibilité au monde sauvage et découverte de soi, dont la condition primordiale étant d’avoir une conscience alerte.
Sans être nostalgique, mon sentiment de nature se trouve bien dans un rapport à l’instant et paradoxalement, dans une sensation du temps s’étirant encore et encore. J’éprouve ce besoin de contemplation comme émanation d’une puissance pure, entourée de vie, ou le silence n’est jamais synonyme de solitude. Je résiste au vent pour écouter le chant des arbres. Même un court instant, j’embrasse un refus obstiné de suivre le rythme de la civilisation urbaine, et laisse courir cette envie d’ensauvagement.
C’est ainsi la seule façon de ne pas plaquer de la nature artificiellement dans ma vie comme un ornement, et de tenter s’assouvir cet irrépressible besoin d’habiter poétiquement le monde.
Iris